Ecoutez quand vous enregistrez !

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Vous vous prenez la tête avec vos prises de son ? Au moment de l’enregistrement, vous ne savez pas quoi faire ? Vous tentez d’appliquer des conseils trouvés sur internet, mais vous galérez ?

J’aimerais vous parler de ma manière de concevoir la prise de son. Parce que moi aussi je me pose plein de questions au moment d’enregistrer. Parce que parmi la quantité d’information qu’on peut trouver sur internet, il y a beaucoup de règles, beaucoup d’exemples, beaucoup de conseils, ou parfois rien. Et c’est à la fois un avantage et un inconvénient.

 

Pendant des années, en me renseignant sur la façon d’enregistrer des guitares, des amplificateurs, des instruments, j’en ai trouvé des choses. Parmi celles-ci, on trouve ce que j’appelle les “tables de la loi”, ou encore règles immuables. Par exemple :

 

  • Pour enregistrer une guitare électrique il faut placer un SM57 à 5cm du haut parleur de l’ampli au centre
  • Pour enregistrer une guitare acoustique il faut placer un micro statique devant la rosace
  • Pour enregistrer une guitare acoustique il ne faut surtout pas placer un micro statique devant la rosace
  • Enregistrer la basse : forcément en direct dans la carte son !
  • Pour éviter les problèmes de phase, il faut placer vos deux micros à une distance égale au carré de pi divisé par 72

Bref vous l’aurez compris, on peut en trouver, des vérités absolues. Au moins autant que de personnes capable de les écrire. Et attention : ils n’auront pas forcément tort.

 

Oui mais.

 

La seule règle qui est valable est celle qui s’applique à ce que vous êtes en train de faire maintenant. Avec cet instrument, ce musicien, ces micros, ce matériel, cette pièce, cette température, vos compétences. Je ne pense pas qu’il existe une règle immuable qui s’applique à tous les cas d’enregistrement d’ampli, de voix, de n’importe quoi.

 

Le seul conseil que je peux vous donner, et qui s’appliquera à toutes les situations, c’est d’écouter.

 

Aujourd’hui, vous devez enregistrer un melodica, un accordéon, un tuba, ou même une guitare, qu’est ce que vous faites ? Placez au moins un micro devant, demandez au type de jouer, et écoutez ce que ça donne. Ça vous plaît ? Super, ne touchez plus à rien. Ça sonne bizarre ? Bougez le micro, ajoutez-en un deuxième, changez de modèle ! Juste, écoutez ce que vous enregistrez, et essayez de savoir si ça vous plaît.

 

Vous savez, tous les sondiers et ingénieurs de son du monde n’ont pas tout vu, entendu, vécu. Le gars peut très bien placer un micro statique petite membrane à 1m de l’instrument parce qu’on lui a dit, parce qu’il a fait quelque chose de similaire y’a un mois et qu’à ce moment là ça avait marché. Et si ça marche pas si bien ? On ne va pas en faire une montagne, si ça sonne pas ça sonne pas. On change et point. Et qui va s’offusquer parce que vous utilisez un micro chinois à 60€ pas fait pour ça si ça fonctionne ? Si ça marche, eh ben tant mieux pour vous.

 

Si vous faites une prise de son stéréo, sur quoi que ce soit, un ampli, une guitare, un violon, peu importe : enregistrez un court extrait, écoutez, et inversez la phase pour voir. Ça sonne carton ? Quand vous inversez la phase, le son change et ça vous paraît mieux ? Ok il y a sûrement un problème de phase, bougez vos micros pour voir. Ou pas : Si ça vous plaît avec la phase inversée, alors pourquoi changer ?

 

Ce que je veux dire, c’est que même s’il y a tout un tas de règles compliquées, d’outils pas pratiques à utiliser, peut-être des choses que vous n’avez pas comprises, ça vaut le coup d’essayer et d’écouter. Ça reste le meilleur repère. Je tente un truc, c'est une erreur ? Ok je ne la referais plus. Jusqu'à la prochaine fois : ce qui ne fonctionne pas pour une situation peut être utile dans une autre.

 

Alors attention.

 

Ne tombez pas dans la spirale infernale du son parfait. C’est un truc que les guitaristes connaissent bien ça. “Ouais mais c’est pas exactement mon son, je comprends pas pourtant on utilise bien mes 14 pédales d’effet”. De toute manière, ce qu’il faut vous dire, c’est que votre instrument ne sera jamais tout seul (ou presque), il évoluera toujours au sein d’un mix, d’un ensemble. Il y a sûrement des fréquences qui entreront en conflit avec d’autres instruments, des choses qu’il faudra changer, et il y a de fortes chances pour que cet instrument ne sonne pas exactement comme en vrai, tout seul dans une pièce. Donc si vous avez déjà enregistré d’autres instruments avant, écoutez ce que votre truc donne avec eux. Même si ce n’est pas mixé.

 

Comparez avec un mix “pro”, une chanson que vous connaissez pour vous donner une idée. Vous n’arriverez pas à obtenir du premier coup le même son, mais l’idée est de s’en rapprocher si vous ne savez pas bien définir si ce que vous enregistrez vous plaît. Attention toutefois, si vous écoutez une chanson c’est qu’elle est mixée, il y a probablement des effets, de la reverb, tout un tas de choses qui peuvent grossir le son ou le modifier. Gardez ça en tête.

 

Non, vous n’avez pas besoin de plus de matériel. N’essayez pas de vous en convaincre, si vous avez une carte son, un micro, c’est bon, vous pouvez y aller. Parce que le résultat c’est que vous allez dépenser de l’argent, et quand vous aurez votre nouveau matos tout brillant, vous ne serez pas plus avancés qu’avant, juste moins riches. Faites avec ce que vous avez.

 

Soyez exigeants avec vous même. On va pas se le cacher, il faut travailler pour faire quelque chose de bien, c’est normal. Et ce n’est pas grave, puisque nous, Les Sondiers, on va vous aider à vous améliorer.

 

Et puis bon, une fois que votre mix est terminé, que vous avez passé 3 ans à peaufiner vos réglages, et que finalement ça ne vous plaît plus et qu’il est absolument indispensable pour vous de tout réenregistrer… Passez à autre chose, il est temps. Entamez un autre projet, une autre chanson, vous ferez mieux sur la prochaine. Avancez !

 

Allez, retournez enregistrer, et sortez nous de la bonne musique !